Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/22

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relâche, on ne découvre rien de pareil. À la clef de voûte paraît le Bon Pasteur portant sur ses épaules tantôt la brebis, tantôt le chevreau, pour enseigner qu’il sauve à la fois l’innocence et le repentir. Puis, dans quatre compartiments dessinés par des guirlandes de fleurs et de fruits, des compositions tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament, et opposées d’ordinaire deux à deux, comme la figure et la réalité, la prophétie et l’histoire. C’est Noé dans l’arche, Moïse frappant le rocher, Job sur le fumier, le miracle de Cana, la multiplication des pains, Lazare sortant du tombeau. C’est surtout Daniel dans la fosse aux lions, Jonas rejeté par la baleine, les trois enfants dans la fournaise, symboles du martyre, du martyre par les bêtes, par l’eau, par le feu mais du martyre triomphant, tel qu’il le fallait peindre pour soutenir le courage et consoler la douleur. Jamais aucune trace des persécutions contemporaines, aucune représentation des bûchers des chrétiens rien de sanglant, rien qui pût réveiller la haine et la vengeance, rien que des images de pardon, d’espérance et d’amour[1].

  1. Les peintures des catacombes représentent quelquefois le Bon Pasteur chargé, non d’une brebis, mais d’un chevreau. Les archéologues considèrent cette image comme une imitation servile de l’art païen, qui peignit Apollon en habit de berger, gardant les troupeaux d’Admète et chargeant un chevreau sur ses épaules. On peut donner à ce symbole un sens plus théologique et plus vrai en se reportant aux controverses contemporaines. Lorsqu’au second siècle la secte des Montanistes refusait à l’Église le droit de remettre les péchés commis après le baptême, les catholiques leur opposaient l’exemple du Bon Pasteur rapportant la brebis égarée. Mais Tertul-