Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/240

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C’était en 1294. Depuis dix ans, Florence avait élargi l’enceinte de ses remparts et bâti le Palais-Vieux. Un décret enjoignait à l’architecte Arnolfo de reconstruire la cathédrale « sur un dessin tel, que l’art et la puissance des hommes ne pussent rien imaginer de plus grand ni de plus beau. » Il semble que c’était assez pour honorer un peuple d’ouvriers et de marchands. Cependant, la république florentine ayant décidé qu’elle recevrait les deux ordres de Saint-Dominique et de Saint-François à cause de leur zèle et de leurs bons services, elle avait voulu leur donner une magnifique hospitalité. Tandis que deux dominicains, Frà Historo et Frà Sisto, bâtissaient l’église de Sainte-Marie-Nouvelle, Arnolfo eut ordre d’ériger pour les Franciscains, aux frais de la cité, l’église de Sainte-Croix. Cet artiste, accoutumé à ne rien concevoir que de grand, se souvint toutefois qu’il travaillait pour des pauvres et puisque son édifice devait porter le nom de la sainte Croix, il voulut lui en donner, non-seulement la forme, mais la sévérité. Il en éleva les trois nefs sur quatorze piliers et quatorze ogives dignes des plus fières cathédrales, mais il renonça à les charger d’une voûte, et les couvrit d’une charpente qui rappela dans sa nudité l’étable de Bethléem. Le chœur n’eut point la splendeur de nos sanctuaires gothiques mais à droite, et à gauche, sur les bras de la croix, s’ouvrirent de nombreuses chapelles où vint s’abattre un