Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/27

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On ne sait pas assez ce qu’était une basilique chrétienne des temps barbares, quand il n’y avait plus de civilisation qu’entre ses murailles. Premièrement, puisque la société ancienne périssait, il fallait que la basilique fût pour ainsi dire le moule d’une société nouvelle ; il fallait que le seul lieu où une pensée morale rassemblait encore les hommes les accoutumât à l’ordre et à la règle, qu’ils en sortissent obéissants et disciplinés. C’est pourquoi l’église avait ses deux cours qui la séparaient du tumulte extérieur, sa fontaine qui purifiait les mains souillées ; enfin, ses divisions correspondant aux degrés de la hiérarchie catholique, depuis le vestibule où pleuraient les pénitents, jusqu’aux nefs partagées entre les hommes et les femmes, jusqu’à l’abside où le banc des prêtres s’arrondissait autour de l’évéque assis sur sa chaire de marbre. Bientôt l’église deviendra féconde, et de ses flancs sortiront, pour se ranger près d’elle, le baptistère, le cimetière et le clocher : elle embrassera dans son enceinte agrandie tout ce qui fait la vie spirituelle d’un peuple. Voyez Pise et cet admirable coin de terre qui réunit la cathédrale, le campanile, le baptistère et le Campo Santo. Toute la patrie était là, il ne fallait rien de plus pour naître, vivre et mourir. On comprend que les basiliques aient enfanté des cités.

En, second lieu, la lumière des sciences et des arts menaçait de s’éteindre ; il fallait donc que la