Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/29

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les colombes, les lis et les palmiers, tous les signes symboliques de l’antiquité chrétienne conservés, interprétés par une tradition qui ne s’interrompit jamais. Et, pour montrer d’une manière éclatante qu’il ne s’agissait point d’un enseignement secret, réservé aux initiés pour donner à tous la clef de ces représentations instructives, on les accompagnait d’inscriptions. Au-dessous de chaque mosaïque, se lisaient des vers qui en expliquaient le sens, qui en tiraient une leçon, qui cherchaient à toucher le spectateur, à lui arracher une larme ou une prière. Ces grandes et sévères murailles des églises romanes devenaient comme autant de pages où l’on célébrait les miracles du saint, les princes fondateurs de la basilique, les morts célèbres endormis sous ses voûtes.

Ainsi se forma un genre de poésie que les critiques n’ont pas assez étudié si je puis la nommer ainsi, une poésie murale qui anima les églises du moyen âge italien, comme autrefois un art sacré avait chargé de peintures et d’hiéroglyphes les temples de l’Egypte. A Saint-Jean de Latran, le portail, l’abside et jusqu’au siége papal étaient ornés de vers ; un langage simple mais énergique y résumait les droits de la chaire apostolique et de l’Église mère des églises. A Saint-Pierre, les épitaphes des pontifes faisaient à elles seules toute l’histoire de la papauté. Le sixième et le septième siècle surtout y avaient gravé en distiques latins