Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/351

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tenait devant lui, ayant en main un grand papier où il montrait écrits tous les péchés qu’il avait jamais faits ou pensés. Et le démon lui disait : « Pour ces péchés que tu as commis par la pensée, par la langue et par les actions, tu es damné dans les profondeurs de l’enfer.  » Pour lui ’il ne se rappelait plus aucun bien qu’il eût jamais fait, ni aucun mérite qu’il eût jamais eu mais il se croyait réprouvé comme le démon le lui disait. Et quand on lui demandait comment il se trouvait, il répondait : « Mal, parce que je suis damné, » Et les frères, voyant cela, envoyèrent chercher un vieux religieux qui s’appelait frère Matthieu de Monte Rubbiano, qui était un saint homme et très grand ami de frère Jean ; et ledit frère Matthieu, étant arrivé près de lui le septième jour de sa tribulation, le salua et lui demanda comment il était. Il répondit qu’il était mal, parce qu’il était damné. Alors frère Matthieu lui dit : « Ne te rappelles-tu donc plus que tu t’es bien des fois confessé à moi, et que je t’ai pleinement absous de tous tes péchés ? Ne te rappelles-tu pas encore que tu as fidèlement servi Dieu dans ce saint Ordre pendant beaucoup d’années ? Après cela, ne te rappelles-tu point que la miséricorde de Dieu excède tous les péchés du monde, et que le Christ béni, notre Sauveur, a payé un prix infini pour nous racheter ? Aie donc bonne espérance, car je tiens pour certain que tu es sauvé. »