Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/379

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de Pise et Cimabuë. Elle est enfin dans les récits ou s’échauffaient la foi des Croisés, le dévouement des vassaux, le patriotisme des peuples. Toutes les puissances qui constituaient alors la société avaient des titres légaux pour satisfaire les consciences ; elles avaient aussi des traditions héroïques pour saisir les imaginations : autour de chaque histoire se formait une épopée. La multitude de ces récits épiques, étudiée de près, a étonné la science moderne il a fallu les réduire à un certain nombre de cycles, c’est-à-dire de cadres flexibles où se rangent plusieurs événements réels ou fabuleux, liés ensemble par le retour des personnages ou par la suite des actions. Ainsi l’Église, sans préjudice de ses actes authentiques, est enrichie d’un cycle légendaire où je comprends les poëmes sur la vie du Sauveur et des saints, les voyages au paradis terrestre, les visions supposées de l’enfer, du purgatoire et du ciel. L’Empire a le cycle classique qui commence à la ruine de Troie, pour en tirer, avec Énée, fondateur de Rome, Francus, père des Francs, héritiers des Romains : la dévolution de la monarchie universelle se continue par Alexandre, César et Constantin, jusqu’à Charlemagne, réparant ainsi une irrégularité qui inquiéta le moyen âge, je veux dire la translation de l’empire des Byzantins aux Allemands. La féodalité a le cycle chevaleresque des romans de la Table Ronde, où la quête du Saint Graal reproduit l’idéal de la chevalerie reli-