gieuse, tandis que les Aventures de Tristan attestent la résistance d’une chevalerie galante et mondaine. Enfin les Communes, ces rassemblements de marchands et d’ouvriers, qui ont des droits et des drapeaux, ont aussi leurs souvenirs, leurs chants et leur cycle populaire. Je ne vois pas en Italie une grande ville qui ne veuille être assise sur quelque ruine fameuse : on montre à Padoue le tombeau d’Anténor ; Pise nomme Pélops pour son fondateur[1]. Selon les vieilles chroniques, consultées par Malespini, un seigneur du nom de Jupiter avait fait bâtir par Apollon, son astrologue, Fiesole, qui fut le berceau de Florence[2]. Le livre des Mirabilia urbis Romae est tout rempli des traditions défigurées de la ville éternelle[3]. Dans ces fables, je trouve moins de mensonges qu’on ne pense. Il fallait un passé merveilleux pour soutenir les prodiges du présent. Sans doute il y avait de fausses légendes, de fausses généalogies, des héros imaginaires, des tombeaux supposés. Mais, après tout, il était véritable que l’Église, l’empire, la chevalerie, les communes, avaient des titres glorieux ; il fallait qu’on respectât cette gloire, qu’on l’aimât, que l’on combattît, qu’on se fît tuer pour elle ; il fallait que les hommes du
Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/380
Apparence