Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

treizième siècle connussent, n’importe comment, qu’ils foulaient une terre historique, qu’il y avait des générations héroïques dessous, et que le déshonneur n’était pas permis dessus.

Ce fut au milieu de ce monde enchanté que s’éveilla le génie de Dante. Encore enfant, il avait entendu les femmes de Florence, assises a leur rouet, deviser entre elles des Troyens, de Fiesole et de Rome[1]. Lui qui lisait tout, comment n’eût-il pas mis la main sur ce roman de Lancelot, dont la lecture perdit Françoise de Rimini, ou sur ces belles histoires de Charlemagne depuis longtemps populaires en Italie ? Les chanteurs français les récitaient sur les places, les orateurs en rappelaient le souvenir dans leurs discours, quand il fallait ranimer dans la jeunesse la passion des combats[2].

  1. Paradiso, xv, 42 :

    L’altra tracendo alla rocca la chioma
    Favologgiava con la sua familia
    De’Trojani, e di Fiseole, e di Roma.

    L’Ottimo commento ajoute : del cominciamento di Troja, e di Fiesole, e di Roma, dicendo che erano le tre prime citta del mondo.

  2. Inferno, v. 43. — Paradiso, xvi, 5. Je trouve aussi un souvenir des romans d’Alexandre, Inferno, xiv, 11. — Doniza, historien de la comtesse Mathilde au commencement du douzième siècle, ouvre son poëme par ce vers

    Francorum prosa sunt edita bella sonora.

    Voyez aussi, dans les Antiquitates Italicae, t. IV, p. 119, le traité attribué à Buoncompagno de Bologne (vers 1220), sous le titre Oculus pastoralis pascens officia, projet de discours pour exhorter à la guerre, de juvene cupiente guerram : Sicut poetarum manifestant historiae, et Francigenarum commendatorum vulgaris idioma describit in diversa volumina diutius diffusa per orbem.