Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pliquant à rendre surtout les tourments des réprouvéset la beauté surnaturelle des élus[1] Il n’y avait pas jusqu’à la petite ville de Toscanella, -dont la collégiale n’eût son Jugement dernier, peint par une main inconnue, au bas duquel figurait le dragon infernal, recevant dans sa gueule les réprouvés poussés par les diables[2]. De l’autre côté des Alpes, et dans ce grand nombre de monuments gothiques qui bordaient sa route, Dante retrouvait les mêmes habitudes. Rien de plus consacré que le bas-relief du Jugement universel sur le portail principal des églises, comme à Autun, à Notre-Dame de Paris : c’était la crainte des justices divines qui devait saisir les hommes du dehors, -les passants, les profanes, et les pousser dans le lieu saint. Mais, une fois introduits dans la nef, ils étaient rassurés par des images plus consolantes les martyrs, les vierges resplendissaient, sur les vitraux, comme s’ils n’eussent attendu qu’un rayon de soleil pour descendre dans l’assemblée. Au milieu, flamboyait la grande rose, qui représentait ordinairement les neuf chœurs des anges autour de la majesté de Dieu. C’est là, sans doute, que le poëte trouva cette admirable pensée de décrire le ciel, non pas avec des colonnes d’or et des murs

  1. Vasari, Vite de Pittori
  2. De Romanis, Conclusione circa l'originalita della Divina Comedia dans l'édition des Œuvres de Dante, 1830, Florence in-8o, t. V.