qui déprécient leur idiome et vantent celui d’autrui », Dante célèbre avec amour, avec passion, la langue italienne, « à cause de la douceur de ses syllabes, de la propriété de ses constructions, de la facilité avec laquelle elle exprime presque aussi parfaitement que le latin les pensées les plus hautes et les plus neuves de sorte qu’en y regardant de. près on y trouve une très-douce et très-aimable beauté. » Voilà le sentiment qu’il professe dans son livre du Convito ; et c’est peut-être le trait le plus frappant de son génie, d’avoir pris parti pour un idiome méprisé, abandonné aux ignorants et aux pauvres non de l’avoir créé, comme on l’a dit, mais de l’avoir fixé par un monument éternel, malgré l’indifférence, malgré le mauvais vouloir des savants contemporains.
Un professeur de l’université de Bologne, Giovanni de Virgilio, lui adressait de longues épîtres latines, l’exhortant à choisir des sujets plus dignes de sa muse, les fables grecques, et, par exemple, l’enlèvement de Ganymède. Il lui reprochait d’écrire pour le méprisable vulgaire, de négliger les savants, ces hommes doctes qui pâlissaient sur les livres antiques, mais qui se gardaient bien d’ouvrir là Divine Comédie, de peur de gâter leur latin.
Tanta quid heu semper jactabis séria vulgo ?.
Et nos pallentes nihil ex te vate legemus
Dante lui répond ; il répond en vers latins, en vers