Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/41

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assez surchargés d’allusions, d’allégories et de figures pour établir qu’en fait de pédantisme et d’obscurité il est en mesure de rivaliser au besoin avec les plus doctes de son temps. Mais il confesse que toute son ambition est d’achever l’œuvre populaire qui lui a coûté tant de veilles, et d’aller ensuite ; son livre à la main, frapper aux portes de sa patrie. Il espère qu’elles s’ouvriront, et qu’il lui sera donné, comme, il le dit ailleurs, de prendre la couronne poétique sur les fonts sacrés de son baptême

Ritornero poeta ; e in sul fonte
Del mio battesmo, prendero capello !


Il rentra, en effet, dans cette ingrate Florence mais il y rentra après sa mort, couronné, non du laurier qui se flétrit, mais de la couronne d’épines de l’exil et de l’auréole de l’immortalité. Les artisans chantèrent ses vers ; Boccace les expliqua, comme on expliquait Virgile, dans une chaire fondée par la république florentine. Le peintre Michelino fut chargé de peindre l’image du poëte dans l’admirable cathédrale de Santa-Maria del Flore Dante y paraît en habit de docteur, montrant les trois royaumes invisibles qui s’ouvrent devant lui. Par un de ces défauts de perspective si communs dans l’ancienne peinture, et qui avaient quelquefois leur sens leur intention, on a représenté sa ville natale toute petite à ses pieds il en domine les clocher et les tours.