Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/42

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Mais pendant que la poésie sacrée renaissait avec les hymnes de saint François et de ses disciples, la poésie chevaleresque avait aussi son avènement. Au treizième siècle, les villes d’Italie, dans le premier orgueil de la victoire et de la liberté, veulent tenir des cours plénières, comme les empereurs qu’elles ont vaincus ; Padoue, Trévise, Venise, Gênes, Florence, donnent des fêtes solennelles. On y voit accourir tous ceux qui font profession de gai savoir, musiciens, jongleurs, improvisateurs. Ils récitent sur les places publiques ces chansons de geste qui ont fait le tour de l’Europe, ces romanesques histoires de la Table ronde et des preux dé Charlemagne. On sait, par le témoignage’ d’AIbeptino Mussato, que, vers l’an 1520, les histrions chantaient sur les théâtres les exploits de Roland et d’Olivier. Ces deux paladins étaient si populaires, qu’ils figurent sculptés à droite et à gauche du portail de la cathédrale de Vérone, debout, l’épée à la main ; et, pour qu’on ne s’y trompe pas, l’artiste a grave sur l’épée de Roland le nom de Durindana  : c’est bien la fameuse lame qui a fait dans les Pyrénées une brèche éternelle. Vers le même temps, les historiens italiens commencent à citer les Reali di Francia , c’est-à-dire le cycle épique de la maison de v France, où l’on voyait comment Constantin. eut pour fils Clovis, et plus tard, pour héritier légitime, Charlemagne ; où se lisaient les prouesses de Beuves d’Antone et de Gisbert au fier visage. C’est