Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/427

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démons, frustrés des âmes que saint Odilon, abbé de Cluny, leur enlevait par ses jeûnes et ses prières[1].

À mesure qu’on arrive aux derniers Carlovingiens, quand les peuples sèchent de frayeur devant les conquêtes des Sarrasins et des Normands, les peintures deviennent plus sombres. Une femme, appelée Frothilde, est conduite chez les trépassés elle y a des spectacles où l’on reconnaît l’exil de Louis d’Outre-mer, et le désordre du royaume[2] . Les rêves des rois ne sont pas meilleurs. Une nuit, au retour de matines, Charles le Gros voit devant lui une figure vêtue de blanc qui lui remet dans les mains l’extrémité d’un fil lumineux, et le conduit dans le labyrinthe infernal. Il visite le lieu marqué pour la punition des mauvais évêques. Il passe les montagnes et les torrents de métaux fondus, où gémissent les méchants seigneurs, tandis qu’une voix crie « La peine des grands sera grande. » Au fond de la vallée fleurie du purgatoire, il découvre son père, Louis le Germanique, plongé dans une chaudière d’eau bouillante. Enfin le ciel s’ouvre, et lui laisse voir son aïeul Lothaire, qui lui prédit la fin prochaine de son règne et la ruine de sa race[3] . Quelques années plus tôt, Hincmar

  1. Girard, la Fleur des Saints, t. II, p. 445, et Labitte, la Divine Comédie avant Dante, n°. VI
  2. Ampère, Hist. littéraire de France, t. III, p. 283.
  3. Ampère, Hist. littéraire, t. III, p. 120. Labitte, la Di-