Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/457

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par le ʎjeune frère qui avait le froc en horreur ; comme cette larme de pénitence qu’Albéric voit tomber sur le livre des péchés. C’est beaucoup d’effrayer, de terrasser les hommes ; mais c’est encore plus de les ravir. S’enfoncer dans l’épouvante pour en tirer la grâce, c’est le dernier secret de la poésie, et l’Italie l’avait su. Cette fleur poétique, que nous avons vu germer partout, ne s’était nulle part si heureusement épanouie c’était là qu’il la fallait cueillir. Le soleil y était plus chaud, la terre mieux préparée l’Italie avait conservé plus fidèlement les traditions primitives du Christianisme, parce que la violence des mœurs barbares y résistait moins au doux génie de l’Evangile.


V

Car, à mesure qu’on approche des premiers temps, les spectacles de l’Éternité s’éclairent d’un jour plus serein les peines des réprouvés, toujours enseignées, sont moins décrites le ciel s’ouvre davantage. On lit dans les écrits de saint Denys l’Aréopagite, que Dante a tant aimés, l’admirable histoire de saint Carpe, qui, ravi en esprit, vit sur les nuages le Christ environné des anges. En même temps il aperçut, au bord d’un gouffre embrasé, des païens qui avaient méprisé sa prédication des serpents et des démons armés de fouets les pous-