Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/458

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saient dans les flammes. Carpe allait les maudire ; mais, ayant levé les yeux, il vit le Sauveur tendre la main à ces misérables, en disant « Carpe, c’est « moi qu’il faut frapper, car je suis encore prêt à « souffrir pour les hommes.[1] » Saint Augustin rapporte deux autres visions qui ne sont pas moins touchantes[2]. Au temps de la persécution de Septime Sévère, Satur, Perpétue et ses compagnons attendaient dans la prison de Carthage le jour où on les devait livrer aux bêtes. Or il arriva qu’une nuit Perpétue rêva qu’elle voyait son frère Dinocrate, mort depuis peu de temps. Le pauvre enfant, tourmenté d’un ulcère affreux, dévoré de soif, se penchait inutilement au bord d’un bassin, dont il n’atteignait pas l’eau profonde’. Sur quoi, s’étant éveillée, elle pria pour lui, et quelque temps après elle le revit, éclatant de beauté, revêtu d’habits superbes, et puisant avec une coupe d’or a la source, qu’il laissait pour aller jouer sous les ombrages. Il lui semblait aussi -qu’elle gravissait. une échelle de lumière, au sommet de laquelle le Bon Pasteur lui tendait la main[3]. De son côté, Satur se voyait en songe transporté par quatre anges qui, sans le toucher, l’enlevaient jusqu’au ciel. Les chœurs immortels répétaient « Saint, saint,

  1. Dionys. Areop., Epist. VIII. Labitte, la Divine Comédie avant Dante,II.
  2. S. Augustin, de Origin. Animalis. lib. II. –Labitte, la Divine Comédie avant Dante, II.
  3. Ruinard, Acta martyrum sincera, passio SS. Perpétuae, etc.