Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/466

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mes de génie sont de grands débiteurs, et ce n’est pas une faible partie de leur gloire que tout le genre humain leur ait prêté.

VI

Il semble d’abord qu’on pouvait s’arrêter à ce point, duquel descendent toutes les grandes inspirations qui ont éclairé, sanctifié, charmé le moyen âge. Mais le mérite singulier du moyen âge, c’est qu’au milieu des trésors nouveaux que le christianisme lui avait ouverts, il ne répudia jamais l’héritage de l’antiquité ; il ne voulut rien laisser perdre des travaux de l’esprit humain. Au septième siècle, le pape Boniface IV s’était fait donner par l’empereur Phocas le temple du Panthéon, non pour le renverser et passer la charrue sur ses ruines, mais pour en ouvrir solennellement les portes, pour y porter le culte du vrai Dieu, l’image de la Vierge et les ossements des martyrs. Ainsi l’Église, devenue maîtresse de la science païenne, ne songea point à la détruire, mais à y porter la vérité religieuse qui y manquait en prenant possession de l’édifice, elle en prenait la défense ; elle ne souffrait plus que les barbares en vinssent détacher les pierres. Elle craignait si peu la philosophie, qu’elle l’introduisait dans l’enseignement du cloître. Ces théologiens si rigoureux en fait d’orthodoxie, si