Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/473

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l’Africain, lui découvrant les honneurs, les périls et les devoirs qui l’attendent, le prépare à cette destinée par le spectacle de l’économie divine qui soutient l’univers, police les sociétés, et dispose souverainement des hommes. Du haut du temple céleste, au milieu des âmes justes qui vont et viennent par la voie lactée, Scipion écoute les sept notes de cette musique éternelle que forment les astres. Il contemple les espaces où ils roulent ; et quand enfin il aperçoit la terre si petite, et sur la terre le point obscur qui est l’empire romain, il a honte d’une puissance qui trouve sitôt ses limites il aspire à une félicité que rien ne circonscrive. Son aïeul lui en découvre le secret et dans ce cadre admirable, Cicéron rassemblait ses plus fortes doctrines sur Dieu, la nature, l’humanité. Il en avait fait le dernier livre de son traité de Republica cherchant ainsi dans l’Éternité la sanction des lois destinées à contenir les peuples dans le temps[1]. Il imitait en ceci, comme dans le reste, le traité de la République de Platon, couronné par la belle histoire d’Er le Pamphylien. Er, frappé à mort dans un combat, s’était réveillé dix jours après sur le bûcher des funérailles, pour raconter son séjour parmi les trépassés. C’était là qu’il avait vu la région lumineuse où la Nécessité

  1. Cicéron, de Republica, liber ultimus. Macrobe, in Somnium Scipionis, I, 2. Sacrarum rerum notio sub pio figmentorum velamine, honestis et tecta rebus, et vestita hominibus enuntiatur.