tenait suspendue à sa quenouille de diamant les huit fuseaux des sphères célestes : les trois Parques étaient assises autour d’elle, chantant le passé, le présent, l’avenir. Les âmes, après mille ans d’expiation ou de récompense, venaient tenter les chances de la métempsycose. L’ordre du monde, c’est-à-dire de la cité de Dieu, se dévoilait pour servir de type à la cité des hommes[1]. Le même dessein se montre dans Plutarque lorsqu’il termine son traité des Délais de justice divine par le témoignage de Thespésius le ressuscité. Lui aussi avait contemplé au sommet du monde Adrastée, fille de Jupiter, jugeant les âmes celles des justes, transparentes et radieuses, planaient en haut ; au-dessous, les âmes coupables tourbillonnaient dans un gouffre, où se succédaient les appareils de tous les supplices, le fer, les forges ardentes, les étangs de métaux fondus une troupe d’ouvriers infernaux avait saisi Néron, et ils le découpaient pour en faire une vipère. Au milieu de l’horreur de ces spectacles, Thespésius s’était retrouvé vivant on ajoutait à l’appui de ses discours qu’il était devenu vertueux [2]. Les fictions du même genre semblent
- ↑ Platon, de Republica.~, lib. X ; Proclus, dans un fragment publié par S. Ém. le cardinal Mai (Auctores classici, tome 1) exprime ainsi le dessein de Platon : Αλλὰ καὶ τῆς πολιτείας ὂλης τὸ εἶδοσ ἐν τῷ παντὶ προθπάρχον ἀποφαίνει . La peinture des peines et des récompenses qui suivent la mort revient encore dans le Gorgias et dans le Phédon.
- ↑ Plutarque, De his qui a Numine sero puniuntur