Brunetto Latini et de Guido Cavalcanti, ni le sentiment platonique de Guido Guinicelli, ni la piété de Guittone d’Arezzo, ne suffit pour expliquer la soudaine abondance de cette verve chrétienne qui jaillit dans les quinze mille vers de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis. Il faut remonter plus haut, et chercher sur un autre point de l’Italie quelque chose de pareil à ce qu’on vit en Sicile, une autre réunion d’hommes inspirés sous un maître puissant, et enfin ce concours de grandes causes, sans lequel il n’y a pas de grands effets.
Quand on a quitté Rome, en se dirigeant vers le nord, après avoir traversé l’admirable désert de la campagne romaine, et passé le Tibre un peu au delà de Cività-Castellana, on s’engage dans un pays montueux qui va s’élevant comme en amphithéâtre, des bords du Tibre jusqu’aux crêtes de l’Apennin. Cette contrée retirée, pittoresque, salubre, se nomme l’Ombrie. Elle a les agrestes beautés des Alpes, les cimes sourcilleuses, les forêts, les ravins où se précipitent les cascades retentissantes, mais avec un climat qui ne souffre point de neiges éternelles, avec toute la richesse d’une végétation méridionale qui mêle au chêne et au sapin l’olivier et la vigne. La nature y paraît aussi douce qu’elle est grande ; elle n’inspire qu’une admiration sans terreur et si tout y fait sentir la puissance du Créateur, tout y parle de sa bonté. La main de l’homme n’a point