gâté ces tableaux. De vieilles villes comme Narni, Terni, Amelia, Spoleto, se suspendent aux rochers ou se reposent dans les vallons, encore toutes crénelées, toutes pleines de souvenirs classiques et religieux, fières de quelque saint dont elles conservent les restes, de quelque grand artiste chrétien dont elles gardent les ouvrages. Il y a bien peu de sommets, si âpres et si nus, qui n’aient leur ermitage, leur sanctuaire visité des pèlerins. Au cœur du pays s’ouvre une vallée plus large que les autres l’horizon y a plus d’étendue ; les montagnes environnantes dessinent des courbes plus harmonieuses ; des eaux abondantes sillonnent une terre savamment cultivée. Les deux entrées de ce paradis terrestre sont gardées par les deux villes de Pérouse au nord et de Foligno au midi. Du côté de l’occident est la petite cité de Bevagna, où naquit Properce, le poète des voluptés délicates à l’Orient, et sur un coteau qui domine tout le paysage, s’élève Assise, où devait naître le chantre d’un meilleur amour.
Ce n’est pas assez qu’une contrée soit belle et féconde, il faut qu’elle ait été profondément remuée par les événements, pour produire de grands hommes. Cette préparation ne manquait pas à l’Italie au moment où finissait le douzième siècle. Elle venait de terminer glorieusement, sous la conduite d’Alexandre III, la seconde lutte du sacerdoce et de l’empire. Elle y avait gagné la liberté, la puissance,