le réputaient pour un insensé, et lui jetaient de ! a boue et des pierres. Et cependant, en se faisant pauvre, en fondant un Ordre nouveau de pauvres comme lui, il honorait la pauvreté, , c’est-à-dire la plus méprisée et la plus générale des conditions humaines. Il montrait qu’on y pouvait trouver la paix, la dignité, le bonheur. Il calmait ainsi les ressentiments des classes indigentes, il les réconciliait avec les riches, qu’elles apprenaient à ne plus envier. Il apaisait cette vieille guerre de ceux qui ne possèdent pas contre ceux qui possèdent, et raffermissait les liens déjà relâchés de la société chrétienne. En sorte qu’il n’y eut pas de politique plus profonde que celle de cet insensé, et qu’il avait eu raison de prédire qu’il deviendrait un grand prince car, tandis que Platon ne trouva jamais cinquante familles pour réaliser sa république idéale, le serviteur de Dieu au bout de onze ans, comptait un peuple, de cinq mille hommes, engagés à sa suite dans une vie d’héroïsme et de combats. Mais cette’ vie, la plus dure qu’on pût concevoir, était aussi la plus libre et par conséquent la plus poétique. En effet, une seule chose enchaîne la liberté humaine c’est la crainte, et toute crainte se réduisant à celle de souffrir, rien n’arrêtait plus celui qui s’était fait de la souffrance une joie et une gloire. Affranchi de toutes les servitudes, de toutes les préoccupations triviales, François vivait dans la contemplation des idées éternelles, dans l’habitude du dé-
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