sa main. La vie de saint François est pleine de semblables faits attestés par témoins oculaires, et qu’il faut bien admettre, soit qu’on les explique par cette puissance de l’amour qui tôt ou tard commande et obtient l’amour, soit plutôt qu’en présence des serviteurs de Dieu les animaux n’éprouvent plus cette horreur instinctive que notre corruption et notre dureté leur inspirent. Lorsque le pénitent d’Assise, tout abîmé de jeûnes et de veilles, quittait sa cellule et se montrait dans les campagnes de l’Ombrie, il semble que sur cette figure amaigrie, où il n’y avait presque plus rien de terrestre, les animaux ne voyaient plus que l’empreinte divine, et ils entouraient le saint pour l’admirer et le servir. Les lièvres et les faisans se réfugiaient dans les plis de sa robe. S’il passait près d’un pâturage, et que, suivant sa coutume, il saluât les brebis du nom de sœurs, on dit qu’elles levaient la tête et couraient après lui, laissant les bergers stupéfaits. Lui-même, sevré depuis si longtemps des jouissances des hommes, prenait un doux plaisir à ces fêtes que lui faisaient les bêtes des champs. Un jour qu’il était monté au mont Alvernia pour y prier, un grand nombre d’oiseaux l’environnèrent avec des cris joyeux, et battant des ailes comme pour le féliciter de sa venue. Alors le saint dit à son compagnon : « Je vois qu’il est de la volonté divine que nous séjournions ici quelque peu, tant nos frères les petits oiseaux semblent consolés de notre présence. » Je ne
Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/75
Apparence