Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/76

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finirais pas, si je voulais répéter d’un bout à l’autre les naïfs récits des contemporains mais je ne puis me défendre de citer un dernier exemple, où éclate particulièrement cette faculté poétique qu’avait saint François d’animer, de transfigurer toutes choses, et de les mettre en scène. Comme il commençait le cours de ses prédications, il arriva qu’en traversant la vallée de Spolète, non loin de Bevagna, il passa par un lieu où il y avait une grande multitude d’oiseaux, et surtout de moineaux, de corneilles et de colombes. Ce qu’ayant vu le bienheureux serviteur de Dieu, à cause de l’amour qu’il portait même aux créatures dépourvues de raison, il courut à cet endroit, laissant pour un moment ses compagnons sur le chemin. Or, à mesure qu’il s’approchait, il vit que les oiseaux l’attendaient, et il les salua selon son usage. Mais, admirant qu’ils ne se fussent point enfuis à sa vue, il fut rempli de joie, et les pria humblement d’écouter la parole de Dieu. Et il leur dit « Mes frères les petits oiseaux, vous devez singulièrement louer votre Créateur et l’aimer toujours car il vous a donné des plumes pour vous couvrir, des ailes pour voler, et tout ce qui vous est nécessaire. il vous a faits-nobles entre tous les ouvrages de ses mains, et vous a choisi une demeure dans la pure région de l’air. Et sans que vous ayez besoin de semer ni de moissonner, sans vous laisser aucune sollicitude, il vous nourrit et vous gouverne. » À ces mots, selon ce