Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/159

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compromettre. Il veut être conduit et modéré avec des sollicitudes infinies pour aller jusqu’au bout… Nous sommes encore trop loin de la terre promise pour prendre des airs de vainqueurs et de maîtres. Gardons nos bâtons de voyage, et ne plaignons ni le temps ni la peine. Le peuple de Dieu demeura quarante ans en chemin mais il était sous la conduite du prophète, et il finit par trouver le lieu de son repos. Nous n’avons point achevé de traverser le désert, mais l’Église de France a aussi ses Moïses, et nous arriverons.

Dans ce travail de la chrétienté pour un avenir meilleur, notre humble mérite de laïques et de gens de lettres sera d’avoir cherché à ressaisir les traditions de nos pères, à ne pas laisser périr les disciplines de la science chrétienne et de l’art chrétien. En ramenant la vérité dans l’étude, la beauté dans la production, la bonté dans la controverse, nous aurons retrouvé un reflet de ces trois rayons divins, le vrai, le bien et le beau, qui ne luisent jamais inutilement aux yeux infirmes des hommes. Si le doute et l’erreur-ont rendu malades les sociétés modernes, nous savons que Dieu a fait les nations guérissables.


Des applaudissements prolongés ont accompagné ce discours, et ont plusieurs fois interrompu l’orateur.