ne laisseraient de prise à la justice, ni sur leur misérable avoir ni sur leur personne. Avouons plutôt que le législateur n’eut jamais la pensée d’écrire une loi démocratique. Il savait qu’une loi plus populaire que la sienne, celle du travail, en faisant au grand nombre des hommes une condition rigoureuse, leur faisait aussi une vie plus supportable que celle des oisifs, et les préservait du danger des heures vides où les passions ont le temps non-seulement de se satisfaire, mais de se justifier. En effet, le divorce resta le privilège des grands. Une défaveur accablante le poursuivait à tous les degrés de la société française : les ouvriers de Paris le pratiquèrent peu, de même qu’ils usent peu du bénéfice de la séparation de corps ; il trouva plus de résistance encore dans les mœurs des campagnes, et dans l’espace de quatorze ans le département de l’Aveyron n’en connut que deux exemples. Le divorce, réprouvé par l’expérience et par le progrès des temps, ne serait donc plus aujourd’hui qu’un anachronisme. Le divorce n’est pas la loi de la démocratie : c’est celle de ce vieux libéralisme qui eut toujours plus de haine pour la religion que d’amour pour la liberté, qui ne sut que détruire, et qui s’attacha à la ruine des institutions comme la philosophie du dix-huitième siècle au renversement des croyances. Tel ne se montre point le génie de la démocratie, ni chez les grands esprits qui la ser-
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