Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recommandaient à la vénération des chrétiens : le premier était la souffrance, et le second le travail. Pendant que les sages avec Cicéron professaient « que le travail des mains ne peut rien avoir de libéral, » le Christianisme proclamait le travail comme la loi primitive du monde pratiquée par le Sauveur dans l’atelier de Nazareth, par saint Pierre le pêcheur, et par saint Paul le faiseur de tentes. Il le prêchait non-seulement comme l’obligation de l’homme déchu, mais comme la règle de l’homme régénéré, comme la discipline de la vie parfaite ; et, quand il conduisit les anachorètes dans les déserts de la Thébaïde, il les déchargea de tous les devoirs ordinaires de la vie, hormis le travail des mains. Bien plus, il lui fit une place dans la hiérarchie ecclésiastique. Les terrassiers des catacombes furent comptés au nombre des clercs, et saint Jérôme s’en exprime ainsi : « Le premier ordre du clergé est celui des fossoyeurs, qui, à l’exemple de Tobie, sont chargés d’ensevelir les morts, afin qu’en prenant soin des choses visibles ils courent aux invisibles. » On ne sait pas assez quelle révolution préparait le Christianisme, non-seulement dans la morale, mais dans l’économie de la société romaine, en relevant ainsi le travail, quand le désœuvrement était le fléau non-seulement des hautes classes, mais aussi de cette multitude qui attendait son pain des distributions impériales ; quand les terres abandonnées fai-