Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/228

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dans les coutumes de France et d’Allemagne toutes les sectes du compagnonnage, d’en prouver l’antiquité par le symbolisme des rites, par la naïveté des légendes ; démontrer enfin ces institutions utiles et dangereuses, enveloppant les ouvriers dans une solidarité de bienfaits et de périls, résistant à toutes les répressions pénales, et renaissant toujours, c’est la comparaison de Perdiguier, « comme le chiendent qui travaille et croît sous la terre et reparaît à la surface. »

L’autorité domine au contraire dans l’organisation des corps d’état, que la puissance royale reconnaît en France et dont les usages, recueillis par l’ordre de saint Louis et par les soins d’Étienne Boileau, prévôt des marchands, formèrent le livre des Établissements des métiers. On y distingue des métiers de trois sortes : les uns appartiennent au roi, de qui on les achète, à moins qu’il ne les ait déjà donnés ou vendus, comme Louis VII donna le privilège de cinq métiers à la femme d’un de ses favoris. Les autres s’exercent sous l’autorisation préalable du prévôt des marchands. Les derniers sont libres. Mais tous constituent autant de corporations distinctes qui ont leurs chefs ou prud’hommes, et dont les règlements déterminent le nombre et l’âge des apprentis, la durée du travail, la quotité du salaire, la qualité de la marchandise. Souvent, dans la poussière de ces vieux statuts, on surprend des dispositions qui ont gardé tout le parfum