Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/232

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clamaient leur roi, soit dans ces corps d’état qui avaient leur discipline religieuse, leurs chapelles, la Vierge et les saints sur leurs bannières ? Mais le Christianisme ne voulut jamais que l’association libre, et c’est ce qu’il obtenait par la multiplicité même des corporations religieuses entre lesquelles il permettait aux vocations de choisir et de se prononcer. Voilà pourquoi il plaçait à l’entrée de la vie monastique les longues épreuves du noviciat ; voilà pourquoi, dans l’ordre temporel, tout engagement pouvait se résoudre, depuis le haut feudataire, qui pouvait renoncer à son seigneur dans les formes prescrites, jusqu’au paysan qui rompait la société de pain et sel en réclamant sa part de chanteau. Jamais le Christianisme n’aurait consenti à cette communauté forcée qui, saisissant la personne humaine à sa naissance, et la poussant de l’école nationale aux ateliers nationaux, n’en ferait qu’un soldat sans volonté dans l’armée industrielle, un rouage sans intelligence dans la machine de l’État. Ainsi, entre l’individualisme du dernier siècle et le socialisme du siècle présent, le Christianisme seul a prévu l’unique solution possible des formidables questions qui nous pressent, et seul est arrivé au point où reviennent, après de longs détours, les meilleurs esprits d’aujourd’hui, en prêchant l’association, mais en la prêchant volontaire.