Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/243

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Dieu destine à vivre : elle est la condition même de leur vigilance, de leur effort, de leur durée, et nous ne connaissons pas de pouvoir plus à plaindre que celui qui ne trouve plus de résistance. En second lieu, on ne remarque pas que les flambeaux des bûchers aient jamais éclairé l’esprit humain : il s’y trompe, au contraire, et il n’est pas dans l’histoire d’erreur si coupable qu’il ne soit tenté de saluer, s’il la voit couverte de cendres ou trempée de sang.

C’est ce qui paraît manifeste, lorsqu’au seuil même des temps modernes les doctrines ennemies de la propriété revivent et mettent l’Allemagne en feu par la parole de Muncer et par le soulèvement des anabaptistes.

Rien ne semble plus séparé que les intérêts du ciel et ceux de la terre. Mais tout est lié dans la société chrétienne par des nœuds si étroits, qu’on n’a jamais remué ses dogmes sans ébranler jusqu’aux derniers détails de ses institutions temporelles. Assurément quand Luther, en 1517, affichait ses thèses sur les indulgences à la porte de l’église de Wittenberg, il ne s’attendait pas à voir, six ans plus tard, son disciple Muncer tourner ces propositions au renversement de tous les pouvoirs politiques et de tous les droits civils. Muncer prêchait la nullité du baptême des enfants et la nécessité de rebaptiser les adultes : en apparence, quoi de plus inoffensif ? Mais dans ce baptême renouvelé il vou-