Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/276

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tique, de tout ce qui l’affranchit de ses passions et d’une partie de ses besoins, de tout ce qui le rend libre, et de tout ce qui peut le rendre grand. L’assistance honore quand elle joint au pain qui nourrit la visite qui console, le conseil qui éclaire, le serrement de main qui relève le courage abattu ; quand elle traite le pauvre avec respect, non-seulement comme un égal, mais comme un supérieur, puisqu’il souffre ce que peut-être nous ne souffririons pas, puisqu’il est parmi nous comme un envoyé de Dieu pour éprouver notre justice et notre charité, et nous sauver par nos œuvres.

Alors l’assistance devient honorable parce qu’elle peut devenir mutuelle, parce que tout homme qui donne une parole, un avis, une consolation aujourd’hui, peut avoir besoin d’une parole, d’un avis, d’une consolation demain, parce que la main que vous serrez serre la vôtre à son tour, parce que cette famille indigente que vous aurez aimée vous aimera, et qu’elle se sera plus qu’acquittée quand ce vieillard, cette pieuse mère de famille, ces petits enfants, auront prié pour vous.

Voilà pourquoi le Christianisme place les œuvres spirituelles de miséricorde au-dessus des temporelles, et demande que les premières accompagnent les secondes. Voilà pourquoi lorsque le vendredi saint le pape va, à l’hôpital des Pèlerins, laver les pieds des pauvres et les servir à table, après qu’il a versé l’eau sur le pied de quelque misérable