Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/277

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paysan devant lequel il s’agenouille, il le baise avec vénération, apprenant par cet exemple au riche que son or est bien froid, s’il n’y joint l’aumône des lèvres et du cœur ; au pauvre, qu’il n’est pas de condition plus honorable que la sienne, puisque la religion met à ses pieds celui qui est le vicaire de Dieu et le chef spirituel de l’humanité.

Voilà pourquoi enfin l’Église avait donné à l’assistance telle qu’elle la voulait ce doux nom de charité, qu’il ne faut plus repousser comme on l’a trop fait, qui exprimait plus que ce nom même si populaire de fraternité car tous les frères ne s’aiment pas, et charité signifie amour.

Qu’on nous permette l’application de ces principes à quelques exemples. Dans plusieurs arrondissements de Paris, la distribution des secours aux ouvriers sans travail se fait par des porteurs salariés à peu près comme ces personnes opulentes qui distribuent leurs aumônes par les mains de leurs laquais. Comment les familles assistées seraient-elles émues d’un bienfait qui a toute l’exactitude, mais aussi toute la sécheresse d’une mesure de police ? A-t-on jamais vu les gens reconnaissants et touchés jusqu’aux larmes de la régularité avec laquelle les bornes-fontaines s’ouvrent chaque matin et les rues s’éclairent chaque soir ?

Le gouvernement a sauvé de la misère douze mille citoyens en leur assignant des terres en Algérie. Il a pourvu avec un soin qu’on ne saurait