Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/359

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corps emportera avec elle une part de pensée et d’amour mais comment supposer que l’esprit se divise ? ou bien les organes physiques, détruits, vont se confondre avec la masse de la matière, et l’âme, dépouillée de toute forme physique, se réunit à l’âme du monde ; mais alors l’unité qui constituait l’homme n’est plus, et d’ailleurs les saint-simoniens annoncent que l’esprit ne se peut concevoir séparé de la matière. Dans l’un et dans l’autre cas, un fait est certain c’est que le corps se désorganise, et que ses éléments constitutifs se dispersent, et dès lors cette prétendue unité vivante qui résultait de l’alliance du corps, de l’esprit et de l’amour, cesse d’exister, et l’homme est anéanti.

Aussi les nouveaux apôtres ont-ils senti le défaut de leur système et couvert leur impuissance du voile d’un épais mystère: tantôt ils semblent renouveler l’antique doctrine de la métempsycose[1] , tantôt c’est la gloire qu’ils présentent dans le lointain, comme l’immortalité des grands hommes plus souvent encore ils invitent l’âme à détourner ses pensées de ces impénétrables

  1. Il semble que la doctrine saint-simonienne de la vie future se réduit à l’antique métempsycose, quand on lit ces lignes de leur Exposition : « Notre maitre est déjà loin de son passé. Vivant en a nous-mêmes, il nous remplit de sa foi, de sa sagesse, de sa puissance ; il nous entraîne avec lui vers les limites de l’avenir, dont il nous a fait franchir le seuil. Voulez-vous donc enfin véritablement connaître Saint-Simon ? Etudiez-le dans son avenir, étudiez-le en nous. » (Exposition, première année, p. 12.)