Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/38

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Voilà les temps héroïques de la Castille dans leur force et leur rudesse, tempérées par la douceur du christianisme. J’y remarque trois grands traits : d’abord la foi religieuse qui conduisait la guerre contre les mécréants. Car on ne se représente pas assez les prodiges de dévouement et de persévérance, au prix desquels il fallait sauver la nationalité chrétienne, «alors que, selon l’expression d’un ancien chroniqueur, la lutte contre les Maures était dans toute son horreur, alors que tous les rois, les comtes, les nobles et tous les chevaliers avaient l’écurie de leurs chevaux dans la chambre où ils dormaient avec leurs femmes, afin que, s’ils entendaient le cri de guerre, ils pussent trouver bêtes et armes sous la main et chevaucher sur-le-champ. » Ensuite vient la passion de l’indépendance, non-seulement de l’indépendance personnelle, mais des libertés castillanes. C’est elle qui tient ces juges, ces comtes et Fernan Gonzalez, et le Cid, en querelle éternelle avec le roi de Navarre et de Léon. Il ne faut point voir en eux, comme on l’a trop fait, des factieux, des ennemis de toute loi. Ils se portent, au contraire, pour les défenseurs des lois anciennes, des Fueros , que le peuple défendra encore contre Alfonse X, contre ses légistes et son code des Siete partitas. Enfin j’admire ici les affections domestiques dans toute leur simplicité et toute leur énergie. C’est la main d’un frère vengeant les sept infants de Lara c’est