Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/450

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« Après la connaissance des autres doit venir la connaissance de soi-même. Il est nécessaire de se soumettre à un examen rigoureux, de ne point se traiter avec trop de bienveillance, de se demander compte de ses facultés, de ses forces, de ses ressources, et aussi de ses défauts, de ses incapacités et des obstacles que l’on doit craindre.On se mesurera aux choses et aux hommes de son temps pour reconnaître s’il convient de s’abandonner à son naturel ou de s’imposer quelque contrainte ; pour choisir entre toutes les carrières celle où l’on se sentira le pied le plus leste et le plus sûr, où l’on prévoira le moins de rivaux, où l’on aura autour de soi une plus grande solitude de talents et de vertus.

« Il est beau de se connaître, mais c’est peu si l’on ne médite ensuite l’art de se montrer et de se cacher à propos, de parler ou de se taire, de fléchir et de se relever, de modifier au degré convenable ses penchants ou sa conduite. Ce n’est point l’oeuvre d’une médiocre prudence, que de parvenir à donner aux autres une haute opinion de soi, en faisant valoir avec tact et délicatesse ses talents, ses mérites, et jusqu’aux avantages qu’on a reçus de la fortune. L’ostentation, traitée un peu sévèrement par les moralistes, doit rencontrer plus de tolérance du côté des politiques. Car, ainsi qu’on a coutume de dire « Calomniez audacieusement, il en reste toujours quelque chose ; » on