Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/465

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l’ignominie ; c’est le même qui traçait pour son usage de si odieuses maximes, qui mendiait des bienfaits et trahissait son bienfaiteur; c’est le même encore qui exerça une si funeste influence sur les destinées de son pays, qui reçut un affront retentissant et mérite, qui ne sut point couronner ses cheveux blancs de l’honneur d’une infortune noblement portée, et laissa planer sur son tombeau de sinistres souvenirs. C’est le même ; et, si nous avons au cœur quelques sentiments de pitié ; si nous ne voyons pas sans tristesse la cognée au tronc d’un vieux chêne, le serpent dans le nid des oiseaux, un volcan sous de riantes contrées, une blessure dans un corps plein de vie si nous voyons avec douleur l’erreur et la folie, la souffrance et la mort, et cette infirmité qui est dans toutes les choses terrestres même les plus grandes et les plus belles, nous pleurerons ici : car il y a plus qu’erreur et folie, il y a plus que la souffrance et la mort ; il y a avilissement d’une grande âme, il y a une sublime créature à qui Dieu avait donné une mission glorieuse, et qui s’est dégradée. Vous étiez envoyé, Bacon, ainsi que le corbeau de l’arche, à de vastes découvertes et, comme lui, vous jetant sur une honteuse pâture, vous avez oublié d’où vous étiez venu, et vos égarements ont alarmé les hommes qui vous attendaient au rendez-vous sacré du devoir. Votre exemple a pu faire maudire la science et douter de la vertu. Vous êtes grand, mais