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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/473

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possible d’atomes humains, afin de les entramer dans l’orbite incertaine de son caprice et de son bon plaisir. Au sommet de l’Église, au contraire, l’unité personnifiée dans le Pontife romain, s’efforçant de maintenir l’ordre universel, retenant d’une main virile chaque prince et chaque peuple dans le cercle sacré, de peur que la force des grands n’opprimât le droit des petits, de peur que l’esprit national, grandissant outre mesure, n’étouffât l’esprit catholique d’amour. Alors commença la querelle entre l’Église et la féodalité, entre le sacerdoce et l’empire. La cause de l’Église était celle des pauvres et des faibles, sa liberté était leur liberté. Tous ceux qui pouvaient échapper au servage des barons venaient se réfugier autour des abbayes ou sur les terres épiscopales et y trouvaient un service facile, une protection assurée, et souvent du pain aux jours mauvais plus d’une fois, de ces chaumières réunies sous un patronage religieux se formèrent de grandes villes. Si quelque âme généreuse ne se sentait pas faite pour sécher sur la glèbe seigneuriale, elle conquérait son indépendance en franchissant l’enceinte d’un monastère. En même temps les cours ecclésiastiques étaient les seules où siégeassent la science et la charité : elles appliquaient un système pénitentiaire d’où la peine de mort et la mutilation étaient bannies, et qui réalisait tout ce qu’on a rêvé de nos jours. Non seulement leur juridiction s’étendait sur le clergé