Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/511

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faire reconnaître le pontife de sa création. Deux députés du roi d’Angleterre se trouvèrent à ce rendez-vous de l’iniquité. Ils se soumirent en son nom à l’antipape et promirent l’adhésion de tout le clergé du royaume. En effet, le roi d’Angleterre ordonna que tous ceux de ses sujets qui avaient passé l’âge de douze ans abjurassent l’autorité d’Alexandre III ; et cet ordre reçut son exécution. Toutefois les évêques anglais trouvèrent moyen de se soustraire à cette mesure impie qui les aurait fait descendre au dernier degré de l’avilissement ; En même temps qu’Henri ébranlait l’Église au dehors en se liguant avec ses ennemis, il travaillait avec non moins d’opiniâtreté à sa ruine intérieure. On eût dit que le démon de la politique perfide, qui devait quatre siècles plus tard apparaître au Florentin Machiavel et lui dicter le livre des mauvais princes, se tenait maintenant aux côtés de ce roi du Nord, veillait a son chevet, assistait à ses conseils et conduisait ses desseins à leur accomplissement par les voies les plus mystérieuses et les plus sûres. Personne, jusque-là, n’avait déployé une connaissance plus profonde des infirmités du cœur humain et des ressorts qui frappent sur chacune d’elles. Protée aux mille formes, Henri changeait à toute heure d’attitude et de langage ; il dissimulait son alliance avec les schismatiques, protestait de sa soumission filiale à l’Église romaine, formait des vœux pour la paix, déplorait