Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/510

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leurs[1], je m’y rendrai à pied avec l’un des miens peut-être, en voyant notre affliction, on aura pitié de nous, et on nous donnera ce qui sera nécessaire pour vivre jusqu’à ce que le Seigneur nous ait visités. Il est pire qu’un mécréant celui qui désespère de la miséricorde de Dieu. »

Il ne restait plus à Thomas d’autre protection que la majesté du Siège apostolique. Cet asile moral, qu’alors les potentats étaient contraints de respecter, était le seul qui maintenant dérobât au roi d’Angleterre sa victime. Il essaya d’abord de le violer à force ouverte. Il enveloppa dans un même ressentiment et dans une même guerre le Pape et l’archevêque. Il interdit l’entrée de ses États aux messagers de la cour de Rome, défendit sévèrement les appels au Saint-Siége ; il retint le denier de saint Pierre, vieux symbole de la fidélité des catholiques anglais : il le retint, ce qui n’est pas à dire qu’il déchargea les peuples de cet impôt, mais qu’il le perçut à son profit. Il alla plus loin. L’antipape Octavien étant mort, l’empereur Frédéric I° lui avait donné un successeur en la personne de Guido de Crema, et avait réuni dans une diète à Würtzbourg tous les grands vassaux de l’empire pour leur

  1. Cette honorable désignation se rapporte au Lyonnais, qui était alors soumis au gouvernement des archevêques de Lyon. Une tradition, sur laquelle nous reviendrons ailleurs, veut que S. Thomas, comme S. Anselme, ait habité cette ville au temps de ses matheurs. Il était digne de ces grands évêques de venir méditer au tombeau des S. Pothin et des S. Irénée la science du martyre.