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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/535

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oreilles, que je ne saurais trouver un messager pour chacun de mes malheurs. Et quand j’en aurais, qu’en ferais-je ? on empêche ceux que j’envoie de passer la mer et de parvenir auprès du souverain. Mais puisque nulle part je ne puis trouver justice, je la rendrai moi-même, telle qu’un archevêque peut et doit la rendre, et je ne reculerai devant aucun homme ! » Là-dessus, les chevaliers s’écrièrent « Des menaces ! des menaces ! nous vous annonçons que vous avez parlé au péril de votre tête. » L’archevêque répondit « Êtes-vous donc venu pour me tuer ? j’ai remis ma cause entre les mains de Celui qui est le juge de tous ; c’est pourquoi je ne vous crains point ; car vos glaives ne sont pas plus prêts a frapper que mon âme à souffrir le martyre. Cherchez qui vous fuie ; pour moi, je ne fuirai point vous me trouverez pied contre pied au combat du Seigneur. » Ils se levèrent en faisant grand bruit et commandèrent aux moines de garder l’archevêque avec soin pour le représenter au bon plaisir du roi. L’archevêque les accompagna vers la porte et dit encore : « Je ne sortirai d’ici ni par crainte du roi, ni par crainte d’aucun homme ; je ne suis point venu pour fuir ; c’est ici, c’est ici (et il montrait sa tête), que je vous donne rendez-vous. » Les chevaliers se retirèrent en tumulte. Bientôt après, des coups redoublés se firent entendre au dehors ; c’étaient les quatre conjurés et