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de vigueur, qu’en moins de cinq ans il eut achevé les deux tombes[1] .

L’église de Miraflores n’est donc qu’une grande chasse où la piété d’Isabelle a voulu recueillir les restes de son père, de sa mère et du jeune frère dont la mort prématurée lui avait donné la couronne. Au dehors, l’édifice s’annonce comme un catafalque : point de clocher, point de transsept à la façade, point d’autre ornement que les blasons qu’on met sur le drap mortuaire des rois ; la toiture arrondie comme le couvercle d’un cercueil ; au front, le crucifix et tout autour, quarante aiguilles de trois grandeurs différentes, comme trois rangs de candélabres autour de l’appareil funèbre. Mais entrez dans ce séjour de la mort : vous y trouverez toute la splendeur des espérances chrétiennes. La pensée se dégage de la terre et s’élève avec les voûtes ogivales. La promesse de l’immortalité rayonne avec les quatorze faisceaux de pierre, qui jaillissent aux angles de l’abside ; et dont les nervures, travaillées à jour, pendent en festons charmants au-dessus du sanctuaire. Dix-sept fenêtres garnies de vitraux peints répandaient une clarté mystérieuse et riche comme celle de la foi. La pluie et le soleil conjurés ont terni ces beaux verres. Ils n’ont pas effacé la Vie du Sauveur, qui en fait le sujet, et qui est bien vraiment la seule lumière

  1. Arias, Apuntes historicos sobre la Cartuja de Miraflores. J’ai beaucoup profité de ce livre excellent.