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I


AVANT-SCÈNE, LES PYRÉNÉES ET LA MER.


Gavarnie, 21 août ; Biarritz, 1er septembre 1852.

En Italie et sur les bords du Rhin, ma pensée était distraite par les ouvrages des hommes. Dans ce pays-ci, où l’homme a peu fait, je ne vois plus que les œuvres de Dieu. Vraiment Dieu n’est pas seulement le grand législateur, le grand géomètre, il est aussi le grand artiste. Ne méprisons plus la poésie comme le rêve des imaginations malades, ou comme le passe-temps des sociétés blasées. Dieu est l’auteur de toute poésie, il l’a répandue à pleines mains dans ta création, et, s’il a voulu que le monde fût bon, il l’a aussi voulu beau. Quel poète a jamais conçu, quel architecte a jamais dessiné un sanctuaire comparable à celui que l’Éternel s’est bâti à lui-même au plus profond des Pyrénées, dans un lieu où il n’était adoré que par des pâtres ? On l’appelle le Cirque de Gavarnie. Mais plutôt qu’un cirque, représentez-vous l’abside d’un temple, taillée à pic dans les rochers hauts de deux mille quatre cents pieds. Quand nous arrivâmes au bas de ces murailles prodigieuses, des nuages rougis par le soleil couchant en voilaient le sommet, et flot-