Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/76

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je n’avais pas le courage de considérer si le coup était porté selon les règles, je détestais cette boucherie, et je m’enfuyais de l’amphithéâtre, pendant que six mules entraînaient dans la poussière le corps sanglant, au bruit des fanfares et aux applaudissements d’une foule enivrée.

V
LA VILLE DE LA VIERGE.
Burgos, le 20 novembre 1852.

Si les rois ont délaissé Burgos, la vieille ville a gardé une reine qui la fait vivre, qui n’a pas cessé d’y habiter une magnifique demeure. Cette reine est la Vierge Marie. En effet la capitale de l’Ancienne-Castille, abandonnée de sa noblesse, sans commerce, sans industrie, aurait péri depuis longtemps, si elle n’avait conservé sa vie ecclésiastique, son rang de métropole, et son incomparable cathédrale. La puissance de cet archevêché et les fondations religieuses qui s’étaient multipliées à son ombre y retinrent un clergé nombreux et lettré. Tant d’églises et de couvents entretenaient une population d’employés, d’ouvriers, de pauvres mêmes, trop assurés peut-être de trouver la soupe à la porte du lieu saint. Aujourd’hui le sanctuaire a perdu ses richesses, mais non pas ses lumières.