Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/60

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le mystère

(Voilà comme je suis attaqué. Je vous le demande. Est-ce juste?)

(Non, ce n'est point juste, car tout ceci est du règne de ma Miséricorde)

Et tous ces pécheurs et tous ces saints ensemble marchent derrière mon fils

Et derrière les mains jointes de mon fils.

Et eux-mêmes ont les mains jointes comme s'ils fussent mon fils.

Enfin mes fils. Enfin chacun un fils comme mon fils.

En tète marche la lourde flotte des Pater et c'est une flotte innombrable.

C'est dans cette formation qu'ils m'attaquent. Je pense que vous m'avez compris.

Le royaume du ciel souffre la force, et les hommes de force le prendront de force. Ils le savent bien. Mon fils leur a tout dit. Regnum cœli, le royaume du ciel. Ou regnum cœlorum, le royaume des cieux.

Regnum. cœli vim. patitur. Et violenti rapient illud. Ou rapiunt. Le royaume du ciel soufl're la violence. Et les violents le violent. Ou le violeront.

Comment voulez-vous que je me défende. Mon fils leur a tout dit. Et non seulement cela. Mais dans le temps il s'est mis à leur tête. Et ils sont comme une grande flotte antique, comme une flotte innombrable qui s'attaquerait au grand roi. Derrière le point, derrière l'extrême point de celle extrême pointe cette extrême pointe s'avance et derrière et se tenant serrée comme un faisceau que je ne puis rompre cette pointe elle- même et aussitôt derrière s'avancent eftrontément ces lourdes trirèmes antiques et elles fendent, plus

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