Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/17

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inquiet, toujours avide de désordres et de bouleversemens, qui voudrait tous les jours des trônes à renverser, des états à insurger, il lui fallait un convoi pour l’opposer à celui de Périer ; et comme, dans ces temps de calamité, ce ne sont pas les illustres morts qui ont manqué à la France, des vœux féroces, des désirs horribles ont été exaucés. On avait guetté les derniers momens d’un citoyen honorable ; on a frémi de joie en apprenant qu’il était mort, on a mis la main sur ce mort, on s’est emparé de ce mort, violemment, comme d’un drapeau, pour rassembler autour ce que Paris contient de plus ennemi de l’ordre et de la liberté. Alors, parmi les gens de bien qui n’étaient là que pour honorer un général qui avait combattu glorieusement les ennemis de la France, se sont montrés ces hommes déplorables qui ne paraissent jamais que dans les mauvais jours, ces visages étranges, ces êtres qui ne tiennent à rien, et toujours, prêts à se donner aux partis, quels qu’ils soient, dont on peut dire, avec raison, que c’est un coup de fortune pour la société quand une fois, ils servent la bonne cause ; et en présence de ces hommes hurlants et menaçants, à la vue de ces bannières, de ces symboles affreux, les plus divers, les plus hétérogènes, en entendant ces clameurs, ces hourras anarchiques, l’Opposition s’est écriée, dans son ravissement : Voyez ce convoi populaire ; comparez le convoi de Lamarque à celui de l’impopulaire Périer.