Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/18

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Quoi donc, si un homme qui fut toujours homme de cœur, si un homme qui pouvait être heureux au milieu des avantages que donnent la fortune et la considération dans le monde, vivant sur un passé honorable et sur ses premières années parlementaires si belles d’éloquence et de dévoûment, a préféré les luttes de tribune, les injures des journaux, les outrages de la populace, à une vie tranquille et sans affaires, pour accomplir une œuvre qu’il croit utile à son pays, s’il a pour récompense le mépris, si on lui conteste même la légitimité des honneurs qui lui sont rendus après sa mort, quel homme, consciencieux voudra se charger de la responsabilité des affaires publiques ?

C. Périer, qui eut le malheur d’encourir la haine de l’Opposition en 1832, l’impopulaire Périer n’était-il pas l’ami, l’associé de pensées et d’opinion du général Foy, de l’homme le plus populaire de France ? n’a-t-il pas, comme lui et avec lui, défendu la liberté pendant les jours d’oppression ? et, lorsque Foy fut enlevé à la France, ne prit-il pas dignement sa place ? ne le vit-on pas soutenir, presque seul, et avec talent, un combat à outrance contre une majorité si puissante par le nombre, luttant jusqu’à tomber de fatigue et d’épuisement pour la cause de l’Opposition ? ne prit-il pas une part glorieuse à la révolution de 1830 ? sa tête ne fut-elle pas mise à prix aussi bien que celle des patriotes les plus exaltés pour avoir protesté contre un pouvoir odieux ? ne fut-il pas