Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/22

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bonheur, où les hommes luttaient de fêtes et de sérénades, a cette époque lugubre et sombre, les partis engagèrent une lutte de convois, Une lutte de convois, une fête de funérailles, et pour finir, du sang ! Spectacle horrible, que les ligueurs avaient préparé à grands frais, pour punir toute une ville des honneurs par elle rendus tout récemment à un grand citoyen !

Ce n’était pas assez que la mort se fût promenée tant de fois dans cette ville, peu de semaines auparavant, il fallait encore lui livrer ce qui avait échappé à la contagion ; et ces hommes qu’on assassinait dans les rues, c’étaient les mêmes qui avaient combattu pour les lois en 1830, et qui avaient appris à ceux-ci comment on fait des Barricades ; et ces bourgeois qu’on emportait sanglans par les places publiques, c’étaient ceux dont la poitrine était décorée pour avoir défendu la Charte : imitation coupable d’une lutte glorieuse, affreuse parodie d’une guerre, juste et légitime ! « Ô feste mémorable des Barricades, que tes féries et tes octaves sont longues[1]. »

Pour un mort, combien de morts ! pour un convoi, combien d’autres convois ! Des pavés ensanglantés, des maisons criblées de balles, des Français égorgés par des Français, c’était la suite de ce cortége, et le matin même l’Opposition montrait ce cortége insolemment, et cette vue lui

  1. Satyre Ménippéen p. 158.