Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/69

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du[1], et de leurs revers réciproques par les injures de leurs journaux ou leurs caricatures ; tous attendant l’occasion, le prétexte, qui s’est enfin réalisé, car ils ont cru que le 5 Juin était le jour de triomphe, et d’un commun accord la ligue se trouva prête et l’insurrection commença. Alors il faisait beau voir ces hommes de tous les partis, rassemblés pour la sédition[2], ayant horreur les uns des autres, et réunissant leurs haines pour un jour, se donnant la main un jour pour s’égorger le lendemain, futurs vainqueurs hostiles entre eux d’avance, guerroyant entre eux, même avant la victoire ; il faisait beau voir ces bannières déployées, ces emblêmes de sang et de mort, le drapeau rouge, le drapeau blanc, le drapeau noir, se disputant les Barricades, arborés tour-à-tour, tour-à-tour abattus, la guerre dans la guerre, l’anarchie dans l’anarchie ; et tandis que les insensés et les pervers préparaient le chemin

  1. Le Compte-rendu, signé par 39 députés se réunissant pour délibérer hors du temps de la session, était certainement la plus grave des émeutes depuis 1830, après l’affaire de la Vendée : il eut pour digne corollaire, l’insurrection de Juin qu’il avait autorisée et excitée.
  2. N’est-ce pas chose bien estrange de voir cette union maintenant si zélée avoir esté en beaucoup de ses parties composées de gens qui, auparavant les saintes Barricades estaient tous tarés et entachés de quelque note mal solfiée et mal accordante avec la justice ?
    (Satyre ménippée. Harangue de l’archevêque de Lyon, p. 77.)