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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/115

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sujets de conversation ; j’avais pris soin de trier des remarques spirituelles, des reparties luxueuses ; j’avais même plusieurs attitudes à choisir… Tout était prévu, et, au bon moment, je n’ai rien trouvé.

Dédé avait saisi une main de sa cousine et y frottait sa joue. J’aurais voulu en faire autant. Ce désir niais faisait cavalier seul dans ma grande courge de tête. J’ai bien été là deux longues minutes à essayer vainement de pauvres mots, tel un individu pressé qui cherche, en pleine nuit, à ouvrir un chalet de nécessité avec un trousseau de fausses clefs.

À la fin je me suis rappelé qu’elle demandait quelqu’un et j’ai dit en me penchant à la fenêtre :

— C’est Mme Bérion que vous cherchiez, mademoiselle ? je crois qu’elle est dans le jardin, je l’ai vue passer tout à l’heure.

Voilà.

J’ai eu le front de lui dire ça ! C’était un congé, ni plus ni moins. Elle a battu en retraite ; je l’ai aperçue un moment après qui rentrait avec la patronne.

Dédé et moi nous sommes revenus à nos marrons.

— Mets-en treize… ôtes-en neuf. Combien en reste-t-il ?

— Sept.

— Bien ! Mets-en huit… bon ! maintenant il s’agit d’en ôter douze… Quel métier !… Dépêche-toi !… La jolie méthode !… En finiras-tu ?

Dédé, hors de lui :