— Mais si, voyons ! affirme M. Michaud. Tenez, l’Aiglon, par exemple… je n’ai lu que le début, mais le ton m’a semblé très convenable…
— Montons-nous l’Aiglon ? Vous savez que c’est en vers.
— Justement ! c’est une condition formelle !
Nous allions l’oublier. Ces demoiselles débitent les vers à la perfection. Je puis vous le certifier : ce sont mes anciennes élèves. Tenez, Anna Guitter, — vous ne la connaissez peut-être pas, monsieur, mais mon mari la connaît bien, — l’année de son certificat d’études, elle a émerveillé tout le monde à la distribution des prix. M. Godard me l’a répété bien des fois à cette époque : « Ce n’est pas pour vous flatter, madame, mais vous avez une élève qui déclame à la perfection ; elle a émerveillé tout le monde. »
— Oui, je me souviens de cela maintenant que tu le dis, observe M. Michaud.
Des vers maintenant ! cela avance bien nos affaires !
— Ainsi, madame et monsieur, il faut trois actes, trois actes au plus, n’est-ce pas ? en vers propres, galants, héroïques et spirituels. Combien de personnages ?
— Huit, dit M. Michaud.
— Six, dit Mme Michaud. Tu comptes les Forestier, Thérèse et Charlot, mais si l’on peut s’en passer…