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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/31

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— Le poulet convient aux estomacs délicats.

Ai-je donc l’estomac délicat ? Qu’on me laisse tranquille !

Elle s’ennuie aux Pernières. Elle n’a pas de « relations ».

— Eh bien ! et nous ?

— Vous ne m’entendez pas, monsieur ; je parle de voisins avec qui l’on puisse causer.

— Vous ne pouvez pas causer avec vos voisins, madame ?

— Si, mais nous parlerons, vaches, ânes, poulets, cochons.

Je songe que des auteurs considérables ont parlé vaches, cochons, couvées. Les goûts de cette petite dame sont plus relevés. Elle doit avoir des idées neuves et profondes. Je n’insiste pas pour qu’elle les sorte.

— Voyez-vous, monsieur, nous autres, femmes, nous avons besoin d’amies, de confidentes même. Il est des choses que les hommes ne comprennent pas.

— Très juste cela, par exemple ! Vous ménagez la pudeur des hommes. Quand ils ne sont plus là, vous dites tout.

— Insolent !

— Ne jetez pas de cris ! Je suis sûr de ce que j’avance : j’écoutais aux portes quand j’étais petit.

Je me lance. Mitron est emballé depuis longtemps. Il parle de Nietzsche avec autorité. Mlle Armance